J 24 - Samedi 15/4 Xiamen (suite 5) : Les Tulous (suite)
Nihao à tous,
Réveil en fanfare, dans ma maison d'hôtes de torchis et de bois, à 6H15 par des salves de pétards.
Inauguration d'une boutique ?
Et les coassements des grenouilles et crapauds qui s'ébattent dans la mare. Sur la placette, les poules et coqs s'en donnent à coeur joie entre les voitures flambant neufs des paysans.
Le développement du tourisme dans cette région reculée permet à chacun, dans ces petits villages ruraux, de vendre plein de trucs aux visiteurs, d'où une augmentation rapide du niveau de vie des habitants.
Après un capuccino rapide de ma provision apportée de France, je vais explorer un peu plus le village, ses maisons et ses habitants, en attendant de rejoindre le groupe de tourtistes chinois à 10 H.
Ici l'intérieur d'une maison.
Préparation du repas. Une belle tête de porc fera l'affaire, accompagnée de pousses de bambou fraîches.
Entrée de Defenglou, l'un des nombreux tulous habités et non retapés du village.
J'en profite pour déguster du thé et entrer chez des cultivateurs de Tieguanyin, mon thé préféré.
Le Tieguanyin 铁观音 est un thé semi-oxydé de la famille des Wulong. Ses feuilles roulées se présentent sous la forme de petits granules, en tête de libellule, de couleur vert bouteille chamarrée vert kaki.
C'est un thé au parfum naturel fleuri qui rappelle le parfum du muguet ou des jacinthes, aux notes de miel, qui le distingue des autres thés wulong.
Il se situe entre les thés verts qui sont toujours très faiblement oxydés et les thés noirs qui sont eux entièrement oxydés. Ici, en altitude et avec un climat subtropical, les théiers du cultivar Tie Guanyin s'épanouissent et produisent des thés aux goûts riches et sublimes, d’une exceptionnelle longueur en bouche. Il donne une infusion d'un joli ton clair et pur. (bon, vous avez compris : je l'aime !)
C'est un thé naturellement parfumé aux feuilles entières et roulées. Sa fabrication est longue et coûteuse en main d’œuvre et ne comporte pas moins de huit phases qui chacune nécessitent un grand savoir-faire : la cueillette, uniquement les trois premières feuilles des jeunes rameaux, le flétrissage qui élimine une partie de l’eau des feuilles, le refroidissement qui remet les feuilles à température ambiante, le brassage : une étape de fermentation subtile et contrôlée, la torréfaction ou fixation arrête définitivement la fermentation, le roulage donne au Tieguanyin son aspect en tête de libellule, le séchage assure la conservation du thé, le triage, pour séparer les feuilles de la tige.
Ici, cette dame est en train de séparer les feuilles des tiges.
J'achèterai un peu de feuilles de ce divin nectar qu'y vient d'être trié pour moi.
Je traîne aussi dans Zhingxinglou, un tulou carré datant de 1933, que les habitants sont en train de rénover.
D'une surface habitable de 1386 m2, il comporte 4 étages et 136 chambres au total.
Puis, je rejoins le car, direction Chengqilou. Ici la carte de la région et des principaux tulous visitables, dont je ne parcourrais, malheureusement, que quelques kilomètres, coincée par le
s impératifs de mon groupe de touristes.
Chengqi Lou 承啟樓, tulou habité, se situe dans le village de Gaobei 高北土.
Surnommé "le roi des Tulous", il possède, en partant du centre : un temple des ancêtres, puis une école, puis des habitations pour les visiteurs, puis l'habitation principale. Je vous joins 2 photos aériennes piochées sur internet afin que vous vous représentiez mieux la configuration de Chengqi lou (le plus gros sur la photo), situé lui-même dans un ensemble de tulous.
Construit en 1709, c'est un tulou très massif, rond avec quatre anneaux concentriques entourant une salle ancestrale au centre. L'anneau extérieur fait 62,6 mètres de diamètre sur 4 étages, 288 chambres. Il y a 72 chambres à chaque niveau.
Des escaliers aux points cardinaux reliant le sol aux étages supérieurs. Un large toit s'étendant vers l'extérieur recouvre l'anneau principal.
Les pièces du rez-de-chaussée sont les cuisines pour les différentes branches de la famille, au-dessus les entrepôts de céréales, et aux 3ème et 4ème étages les chambres.
Le deuxième anneau intérieur comporte 80 chambres sur 2 étages, le 3ème anneau une bibliothèque communautaire. Le quatrième anneau est un couloir couvert circulaire entourant la salle ancestrale.
Si une personne reste une nuit dans chaque chambre, il lui faudra plus d'un an pour parcourir toutes les pièces. La salle ancestrale est au centre. Chengqilou a deux portes principales et deux portes latérales.
D'autres bâtiments dans ce groupe incluent: un trois anneau, Shenyuanlou, Wujiaolou (pentagone) avec un plan pentagonal irrégulier et un tulou rectangulaire, le Shizelou.
Bon, je ne vous leurrerai pas. Ces visites se font dans le bruit, les cris et l'affolement (merci à mes chères boules Quies), en file indienne les uns derrière les autres, chaque groupe de touristes rentrant lorsqu'un autre en sort, mené par un guide à porte-voix ! Les habitants vendent tous quelque chose devant la porte de leur cuisine du rez-de-chaussée (il faut les comprendre, ces milliers de touristes, tous les jours, qui sont là pour dépenser ...). Ici, fabrication de cigarettes avec le tabac local (mon frère, j'ai fait travailler cette dame, je t'en ai rapporté).
Ici des tuochas et du thé à la mandarine. Après sa fabrication, le thé est placé dans une peau de mandarine fraîche et non traitée. Le tout est séché au four puis vieilli tranquillement pendant plusieurs années.
La saveur d'agrume de la peau de mandarine va imprégner les feuilles de thé lors du passage au four.
Le résultat est un thé subtilement parfumé et délicatement sucré. J'en avais entendu parler mais ne l'avais jamais goûté. Intéressant, j'en ai acheté un peu.
Vous me connaissez un peu, j'irai fouiner un peu partout en m'éloignant des sentiers battus et il y aura toujours quelqu'un de mon groupe pour venir me rattraper et me dire de me dépêcher au risque de me perdre (ce qui ne m'arrangerai, en fait!). Encore une petite dégustation de thés et d'infusions de fleurs de chrysanthèmes
Sur la route du retour, on traversera des petits villages ou des tulous anciens pas entretenus s'écroulent à côté de petits immeubles modernes assez laids ou de tulous modernes et clinquants qui sont destinés à devenir des hôtels pour groupes de touristes. La région avance à grands pas, mais les constructions sont un peu anarchiques. Dommage.
Les champs de théiers laissent la place aux bananeraies et on retrouve Xiamen, puis mon petit quartier de Siming.
La suite demain, Zaijian.