J 10 - Dimanche 2/4 (suite) Jingdezhen et la Porcelaine

Nihao à tous.
Aujourd'hui, dimanche 2 avril, je traîne au petit déjeuner après m'être encore pris la tête avec l'employé du matin au comptoir de l'auberge, car ce n'est pas la fille d'hier soir mais un nouvel employé. Rebelote, "vous ne pouvez pas rester, etc, etc". Là, je râle, et je me mets en colère en français. Il ne comprend rien à ce que je dis mais il comprend que je ne bougerai pas de là. Bon, pour finir on me trouve une chambre pour 2 nuits. Il s'excuse et m'explique que les réservations internationales faites par internet ne leur sont pas parvenues. Que cela a été le cas pour beaucoup de personnes étrangères. Et comme les chinois ont 3 jours de vacances pour la fête de Qing Ming (pure clarté), la fête des morts, l'auberge est complète.
Je me réinstalle donc dans une nouvelle chambre. Puis je me prépare pour aller visiter le musée de la porcelaine.

Je prends un taxi et me voilà partie pour 1/2h de trajet. Le musée est complètement à l'extérieur de la ville.
Je corrige ce que j'ai dit hier, Jingdezhen n'est pas une ville laide, c'est une ville horrible ! Toute en immenses avenues bordées de lampadaires très kitsch en porcelaine blanc-bleu et de rares ronds-points ponctués eux aussi de monuments pas très réussis, en porcelaine, naturellement. Des tas d'immeubles immenses, aussi hauts et serrés qu'à Hong Kong entourant parfois des masures crasseuses. Et partout, la poussière... D'accord il y a beaucoup de travaux, mais pourquoi certaines villes chinoises sont elles aussi poussiéreuses ?

Il y a même des camions citernes qui arrosent les rues.
La grande course en taxi me coûte 40 yuans, soit 5,60 euros, cher pour la Chine, mais c'est le prix de la prise en charge en France, en tous cas à Marseille !!!

Je suis époustouflée par le musée où j'arrive. Il est gigantesque. 55 000 m2, tout neuf et hyper luxueux. L'entrée est gratuite pour tout le monde. Le hall d'entrée, et le reste d'ailleurs, est en marbre gris clair et les étages sont desservis par une volée en ligne de 6 grands escaliers roulants.

Il renferme une belle collection très complète d'objets en porcelaine datant de l'époque néolithique à la période moderne actuelle, en passant par les époques Qing et Ming et de la révolution populaire. Des vidéos d'explication sur la fabrication. Dommage que tous les textes ne soient pas traduits, au moins en anglais et surtout que les dates ne soient pas indiquées en année. Elles ne le sont qu'en périodes chinoises et c'était un peu difficile pour moi de situer.

J'ai vu des pièces magnifiques, des céladons, des périodes roses, des rouges sang de bœuf, et naturellement, ce qui a fait la renommée de Jingdezhen dans le monde entier : les porcelaines blanc-bleu.

Il y a aussi bien des pièces minuscules pleines de délicatesse et si fines qu'on y voit à travers que des vases monumentaux. J'ai pris un max de photos (j'en suis actuellement à 780 au total, tu vois mon frère, le petit appareil fonctionne toujours bien !)
Je vous fais un petit résumé rapide de ce que j'ai appris :
Jingdezhen, (prononcez "djinededjène") est associée à la fabrication de la porcelaine depuis des millénaires. Jingdezhen a pris son nom actuel au 11ème siècle sous l'ère de l'empereur Jingde. Ce dernier remarqua la finesse des porcelaines qui y sont fabriquées et demanda à ce que soit inscrit sur toutes les porcelaines qui lui sont dédiées : "Fabriqué sous l'ère Jingde".
C'est ainsi que la bourgade pris le nom de "Village de Jingde" ou en chinois "Jingdezhen".

C'est grâce à Marco Polo (1254-1324) que l'on entend parler en Europe des "pourcellaines". Mais c'est avec Vasco de Gama (naissance vers 1460-1524) que des porcelaines chinoises vont y être importées de façon importante. L'Europe va tenter de percer le secret de ces merveilles afin de fabriquer des porcelaines. Les allemands vont y arriver en premier. En 1709, Johann Friedrich Böttger invente en Saxe la porcelaine dure (à base de kaolin) dont le procédé de fabrication va se répandre progressivement en Europe. Des manufactures ouvrent à Meissen, ainsi qu'en France à Vincennes (1740), puis à Sèvres en 1756.

A Jingdezhen on fabrique de la céramique depuis des millénaires, mais c'est au 13ème siècle que les chinois inventent la porcelaine en utilisant une argile plus fine découverte dans une carrière non loin de Jingdezhen : la carrière du mont Gao Ling (littéralement Hautes collines) qui est donc à l'origine du mot kaolin. Depuis d'autres carrières furent découvertes en Chine et de par le monde, notamment en France (Saint Yriex La Perche) au 18ème siècle, ce qui donna naissance aux fabriques de porcelaine de Limoges.
Le musée étant à l'extérieur de la ville, il est entouré de verdure, dont un joli jardin sur le trottoir d'en face quand on traverse l'esplanade. Un peu d'ombre fera du bien car il commence à faire très chaud.

Au milieu du bassin au centre du parc, un énorme dragon bleu en porcelaine. Et sur une colline, une tour moderne où sont accrochées des centaines de cloches de porcelaine que le vent agite et qui tintent joliment. Sur la colline d'en face, une pagode de porcelaine. Partout de jolis arbres en fleurs.

Je suis toute contente de découvrir le nom d'un de ces arbustes que j'ai remarqué dans la nature depuis quelques temps et que je trouve très joli grâce à ses feuilles nouvelles toutes rouges au milieu de ses autres feuilles devenues vertes.
Je profite de ce parc qui semble être le seul de la ville, je n'en ai vu aucun ailleurs. Bizarre, alors que les chinois aiment tellement les parcs. Cette ville restera un mystère pour moi.
De retour à mon point de base, je pars à la découverte d'un autre marché de potiers que j'ai repéré depuis mon taxi. Là, c'est nettement plus artisanal et artistique.

D'abord, les petits magasins sont très bien arrangés et décorés avec des meubles et des accessoires plus recherchés. Et les objets sont créatifs et raffinés. Je soupire devant tant de jolis services à thé que j'aimerais vraiment tous rapporter !

Alors finalement je craque pour une toute petite tasse à thé. J'ai bien dit UNE SEULE. Décorée en blanc-bleu du motif historique de Jingdezhen.

Ça sera mon souvenir de voyage. Et elle me rappellera cette horrible ville quand je prendrai le thé chez moi.
II faut juste que je trouve une petite boîte ou la caler avec quelques mouchoirs en espérant qu'elle arrive entière à Marseille !
Voilà pour, encore, une journée bien chargée.
Zaijian et à demain.